Hubert, chasseur devenu saint en forêt d’Ardenne
Depuis des siècles, la grande forêt de Saint-Hubert est un refuge pour la vie sauvage et un paradis pour les chasseurs. Dans cette forêt mythique, véritable sanctuaire naturel, un cerf portant une croix serait apparu à un noble chasseur nommé Hubert et l’aurait converti. La légende de saint Hubert est née.
Son culte se répand dès le 13ème siècle, de la mer du Nord aux Alpes, du Rhin à la Loire. Hubert qui fut évêque du diocèse de Tongres-Maastricht au 8ème siècle est rapidement devenu un saint, 16 ans après sa mort. Puis la légende en fait un chasseur converti et un guérisseur de la rage. Son corps est transféré au 9ème siècle, de Liège jusqu’à la terrifiante forêt d’Ardenne, au monastère d’Andage (la future ville de Saint-Hubert).
C’est là que ses reliques seront vénérées par des milliers de pèlerins. De telle sorte que, grâce aux offrandes des fidèles, le monastère devient un centre religieux, intellectuel et artistique renommé. Au 12ème siècle, Andage perd son nom au profit de Saint-Hubert. Et bien que les reliques du saint disparaissent lors du saccage de l’abbaye par les Huguenots français en 1568, le monde de la chasse reste fasciné par ce héros.
Aujourd’hui encore, à chaque anniversaire de sa canonisation, le 3 novembre, une messe solennelle est célébrée à laquelle s'associent pèlerins, chasseurs ou simples curieux. Des pains sont bénits, des chants sont entonnés. Des sons impressionnants sortent des trompes de chasse et des grandes orgues.
Mêlant le religieux et le profane, les fêtes de la chasse et le grand cortège historique sont organisés chaque premier week-end de septembre. Cet évènement populaire rappelle que la ville de Saint Hubert est la capitale européenne de la chasse et de la nature grâce au saint guérisseur et protecteur de la vènerie.
Une basilique majestueuse
La petite ville de Saint-Hubert dont on appelle les habitants les « Borquins » désignant en patois ceux qui habitent le « bork », le bourg, doit son rayonnement à l’ancienne abbaye bénédictine. Marchés et foires vont y prospérer très vite. Le pain quotidien est assuré pour de nombreuses familles d’artisans, de commerçants, d’agriculteurs, d’artistes.
La somptueuse basilique Saints-Pierre et Paul témoigne de la puissance économique et politique du monastère. Les reconstructions successives de la basilique sont menées par des abbés exceptionnels comme Nicolas de Malaise ou Célestin de Jongh mais l'église doit son dernier sauvetage à des notables de la ville et à l'évêque de Namur en 1808. En 1927, l'église abbatiale devenue paroissiale est élevée au rang de basilique par le pape Pie XI. Le pontife honorait ainsi le 1200ème anniversaire de la mort d'Hubert en 727.
L’église en forme de croix latine est de style gothique. En effet, le sanctuaire que l’on visite aujourd’hui date en grande partie de sa renaissance au 16ème siècle. La façade, de style classique est ajoutée vers 1700, sous l’abbatiat de Clément Lefèvre. Elle masque les anciennes tours. Au-dessus du porche, on aperçoit les armoiries du 49ème abbé et le chronogramme qui date l’élévation de cette nouvel accès élément (DCLML : 500 +100+50 +1000 +50=1700). De nombreuses œuvres d'art sont à découvrir à l’intérieur: tableaux, sculptures, maître-autel, orgues.
Les premières grandes sculptures que vous apercevez dans la nef gauche sont des chefs d'œuvre de l’art baroque. Elles représentent les Evangélistes et sont sculptées dans du bois de tilleul par un artiste du XVIIIe siècle, Guillaume Evrard. Epinglons encore une mise au tombeau du 17ème surmontée de saint Hubert, de la Vierge et de saint Nicolas. Plus loin, un majestueux caveau en marbre de Carrare et pierre de France est offert en 1847 par le Roi Léopold I, pour abriter, le jour venu, le corps retrouvé de Saint Hubert.
Autre témoignage du culte de saint Hubert, l’arbre des pèlerins. Ce hêtre se dressait autrefois au bord de la route de pèlerinage. Lors de son débitage, on retrouvera à l’intérieur du tronc, une croix au pied de laquelle apparait le cerf crucifère à l’origine de la conversion du saint.
Vous pouvez admirer encore d’autres surprenants phénomènes dans cette basilique, dignes des livres de Dan Brown. Rendez-vous les jours du solstice d’été, vers le 21 juin, dans le chœur de l’église, au milieu des stalles en chêne sculpté de 1733. Peu après le lever du soleil, un rayon lumineux frappe le panneau qui représente la conversion de saint Hubert, fascinant ! Il y en a aussi pour les chercheurs de forces telluriques. Pour profiter au mieux de cet exceptionnel patrimoine, offrez-vous une visite guidée ou louez des audio guides. Et demandez la visite des charpentes, c’est spectaculaire !
Un palais abbatial, une église romane
De construction classique, le « palais » abbatial date de l’époque de l’abbé Célestin de Jong (1727-1760) qui le destinait à accueillir des hôtes de marque. Saint Hubert, protecteur de la rage, attire riches et pauvres au quartier abbatial. Le monastère compte encore une communauté de 100 membres. Un « hôpital » dont il reste des vestiges, en contrebas de l’abbaye, accueillait pauvres et malades qui recevaient au minimum du pain et du fromage, accompagnés d’une pinte de bière. Au 18ème siècle, une moyenne de 15.000 pèlerins se rendait à Saint-Hubert.
L'abbé est un seigneur sur sa "Terre " et son pouvoir temporel s’étendait sur plusieurs dizaines de villages des duchés de Bouillon et de Luxembourg mais aussi du Pays de Liège et de France. Son blason et sa devise figurent dans le fronton central où on peut lire "amore non timore", "Par l'amour, non par la crainte". À cette époque, la suzeraineté de Saint Hubert revient à l’Autriche qui détient le Luxembourg.
Le bâtiment est édifié en briques et pierre calcaire. Le marbre est employé pour les colonnes et les fontaines Le palais n'est pas ouvert à la visite mais ne manquez pas de jeter un coup d'œil à l'intérieur pour admirer les sculptures des portes ou l'escalier monumental. Une grille de facture récente ferme la cour d’honneur. Elle est en fer forgé peint et verre soufflé. Les figurines polychromes évoquent les dix mois du calendrier lunaire romain.
Jusqu'en 1809, l'église paroissiale de Saint Hubert est une petite église romane bâtie au 11ème siècle : l'église Saint-Gilles-au-Pré visible avec le presbytère construit en 1734 à la rue Saint-Gilles. Ce saint était invoqué contre les maladies nerveuses, les convulsions ou les frayeurs nocturnes. Il protégeait les mères de famille, un saint à ne pas dédaigner !
Pèlerinages et ressourcement
D’anciennes voies romaines, des chemins neufs, des routes nationales mènent à Saint-Hubert qui reste un haut lieu de pèlerinages. Ils se déroulent encore avec des temps forts comme l’anniversaire de la mort du saint le 30 mai ou sa fête patronale, le 3 novembre.
Les pèlerinages les plus connus sont ceux de Lendersdof (18ème siècle) et d’Andenne (17ème siècle). Le premier dit « pèlerinage des Allemands » traverse trois régions : l’Eiffel allemand, l’Oesling luxembourgeois et l’Ardenne belge, soit 300 km à parcourir à pied, entre l’Ascension et la Pentecôte, en mai-juin. Celui d’Andenne se déroule à la Pentecôte, les années paires, en trois étapes de 50 km, une belle performance ! Si saint Hubert était au 12ème siècle, un saint guérisseur de la rage, il aiderait aujourd’hui les personnes éprouvées par des maladies contemporaines : comme le stress ou l’hyperactivité.
Pour vivre des moments de silence et de recueillement, des Bénédictines conformes à la règle d’hospitalité de saint Benoît, accueillent tous les chercheurs de paix, dans leur monastère Notre-Dame d'Hurtebise. Le monastère est construit en 1938 à quelques pas de Saint-Hubert, au cœur de la forêt d’Ardenne.
Force et beauté de la vie sauvage
Une attention particulière est portée à la gestion écologique et touristique de l’immense forêt de Saint Hubert. Pour observer la grande faune, six postes d'observation sont disséminés dans le domaine. Le randonneur les atteint en suivant des itinéraires balisés.
La forêt de Saint Hubert, ce sont 250 promenades, 3 aires de bivouac et 40 aires de détente.
Trois grandes randonnées pédestres traversent son fabuleux territoire : la Transardennaise, l’itinéraire Rhin-Meuse, le sentier des vallées de l’Ourthe et du Laval. Pour mieux connaître cet environnement remarquable, rendez-vous sur le sentier didactique du Bois de la Fontaine ou encore aux soirées encadrées pour l’écoute du brame, et si vous souhaitez encore une autre formule, rendez-vous au parc à gibier à Saint-Hubert, spécialement destiné à l’apprentissage des enfants.
Ne passez pas à côté d’une très ancienne réserve naturelle, reliquat de la dernière glaciation, la Boulaie du Rouge Poncé, 600 ha de landes humides habitées par une faune et une flore boréales que l’on parcourt sur des passerelles en bois.
Et si vous souhaitez aller encore plus loin dans l’espace et le slow tourisme découvrez les produits touristiques développés par « La grande forêt de Saint-Hubert, terre de cerfs et de légendes ». Sur 10 communes, 4 Maisons du tourisme, 52.200 ha de forêts, vous pouvez dormir, manger et bouger forêt : trois circuits visibles sur tablettes numériques complètent les infrastructures existantes.
Un artiste célèbre
La place du Marché, au pied de la basilique, conduit à l’hôtel de ville, édifice néo-classique tout en pierres de l’architecte Bouvrie. L’imposant bâtiment construit entre 1864 et 1867 est précédé d’un escalier monumental qui remplace le perron d’autrefois. En face se dresse une fontaine à la mémoire de Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) dont on aperçoit le buste en fonte du sculpteur Van Hove. Celui que l’on nommera le Raphaël des fleurs voit le jour à Saint-Hubert en 1759. Il grandit dans une famille de peintres. Son père et son grand-père s’illustraient déjà dans la décoration de l’abbatiale. Pierre-Joseph Redouté bénéficiera de l’enseignement d’un moine médecin et pharmacien Dom Robert Hickmann, féru de botanique.
En 1782, il part à Paris rejoindre son frère Antoine-Ferdinand, décorateur de théâtre et de mobilier. Durant ses loisirs, Pierre-Joseph se promène dans le « jardin du Roy », aujourd’hui le Jardin des Plantes. Il y contemple fleurs et plantes qu’il dessine, qu’il aquarelle et parfait encore au crayon de couleur. Il devient l’illustrateur attitré d’un célèbre botaniste de l’Académie des Sciences, Charles-Louis L’héritier de Brutelle. En 1787, il part étudier les plantes au jardin botanique de Kew près de Londres.
En 1792, Redouté est nommé peintre des «vélins» au Museum national d’Histoire naturelle. Dessinateur au cabinet de la reine Marie-Antoinette, remarqué par l’impératrice Joséphine et la duchesse de Berry, il sera aussi le professeur de Louise-Marie d’Orléans, la future épouse de Léopold premier, roi des Belges.
La mode en Europe est aux collections d’espèces végétales du monde entier. L’horticulture devient discipline scientifique. Elle influence aussi les arts décoratifs (tissus, porcelaines). De prestigieuses manufactures de porcelaine (Sèvres) reproduisent sur leurs services, des œuvres de Redouté. Pourtant, ce pédagogue chéri par le « Tout Paris », cet artiste renommé, va mourir dans la pauvreté en 1840. Sa tombe est à découvrir au cimetière du Père Lachaise à Paris. Son jeune frère peintre, Henri-Joseph Redouté fait partie du comité de savants et d’artistes qui accompagnent Bonaparte, lors de la campagne d’Egypte.
Aujourd’hui, un prestigieux prix Redouté est remis annuellement au château de Lude, dans le Pays de la Loire. Ce prix est créé en 2.000 par la comtesse de Nicolaÿ, née d’Ursel de Bousies et récompense les meilleurs livres de botanique et de jardin.
Le Juillet Musical de Saint-Hubert
L’exceptionnel patrimoine que constituent le palais abbatial et la basilique sert la vie artistique de la province de Luxembourg. Les meilleurs musiciens et chanteurs s’y retrouvent durant les vacances d’été pour le plus grand plaisir des mélomanes.
Voilà près de 60 ans que naissait le Juillet Musical de Saint-Hubert, stimulé par l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. Puis d’autre idées novatrices germent dans l’esprit de Luxembourgeois cultivés autant qu’audacieux comme les stages de l’Académie Internationale d’Eté en 1963 et dernièrement, en 2004, sont nés les « Coups de Cœur » et le Festival des Jeunes, une belle opportunité pour de jeunes artistes principalement issus de notre province.
Le Fourneau Saint-Michel
Le domaine provincial du fourneau Saint-Michel s’étend sur près de 50 hectares dans une vaste clairière entourée d’eau et de bois. Un paradis de la biodiversité. La vie rurale d’avant la 2ème Guerre mondiale se revit par la visite d’une cinquantaine d’habitats anciens qui y ont été transplantés : fermes, école, chapelle, fours à pain, cure, lavoir... Tout en cheminant dans une nature préservée, les promeneurs découvrent l’architecture typique des maisons de la Lorraine belge ou de l’Ardenne centrale, celle de la Hesbaye ou du Condroz. Du mobilier traditionnel ou encore des outils anciens, des reconstitutions d’ateliers d’artisans font percevoir la vie quotidienne de nos grands-parents.
Au retour des beaux jours, des animations rendent le lieu plus captivant encore. Evoquons les journées de l’eau, Mai’li-Mai’lo, les dimanches de l’été, « Djins d’amon nos ôtes » qui sont autant de moments palpitants à vivre. Et puis aux portes de l’hiver, il faut se rendre aux merveilleuses veillées d’ Ardenne et à la grandiose visite de Saint Nicolas.
Le musée du fer est actuellement en réfection. Il témoigne d’une industrie métallurgique au siècle des lumières. Un fourneau et une forge sont installés là par le dernier abbé de Saint-Hubert, Dom Nicolas Spirlet. L’abbé-sidérurgiste ira jusqu’à se transformer en marchand de canons lors de la guerre d’indépendance en Amérique du Nord !
Le domaine de Mirwart
1350 ha de forêts de feuillus et de résineux et une multitude d’étangs, vous êtes au domaine provincial de Mirwart, un paradis pour les truites et pour les marcheurs. Un livret didactique présente 4 promenades de 5 à 12 km pour vous balader "intelligemment" à travers ce vaste domaine, au gré des saisons. Elles décrivent les traces de vie laissées dans la forêt par nos ancêtres : glacière, haut-fourneau, en vente à Mirwart ou à la Maison du tourisme.
Vous y trouvez près de 40 étangs alimentés par le Marsoult, ruisseau qui se jette dans la Lomme, qui sont autant de réservoirs à truite « fario », seul salmonidé indigène qui jouit de tous les soins des spécialistes de la pisciculture de Mirwart. Vous saurez tout sur le cycle de sa reproduction et de son alimentation. Un rucher didactique et son local d’observation est accessible en tout temps.
Et pour les amateurs d’objets volants d’une autre espèce, rendez-vous à l’aérodrome de Saint-Hubert, comprenant également le Centre national de vol à voile, où avions de tourisme et planeurs vous raviront par le survol de cet immense univers de chasse, de légendes, d’histoire et de féérie.
À 15 km, un musée des Celtes
Découvrez le Musée des Celtes à son nouvel emplacement : le premier étage de la Halle aux Foires. La visite de l'exposition vous fera découvrir les Celtes et l'héritage qu'ils nous ont laissé en parcourant les divers aspects de leur quotidien. Une vie parfois bien proche de la nôtre malgré les siècles qui nous séparent. Bienvenue en terre Celte !