Des points de vue remarquables
"La Roche est le centre d’un panorama splendide qui se grave ineffaçablement dans la mémoire de celui qui a eu le bonheur de le contempler…endroit charmant favorisé par les dons les plus variés de la nature et où il fait bon se délasser" (M.A.Perk)
"C'est le pays des truites, des écrevisses et du jambon d'Ardenne que vous trouverez à toutes les tables" (R.Goffin)
Les premiers excursionnistes
Encerclée par l’eau et les collines boisées, la beauté sauvage de la petite ville de La Roche-en-Ardenne attire les premiers touristes, dès le 19e siècle. Ces voyageurs appartiennent à des classes privilégiées, ceux dont la fortune permet l'oisiveté. Par chance, ces promeneurs sont quelquefois des écrivains talentueux qui aiment coucher sur le papier leurs expériences de l'Ardenne.
C'est l'époque des récits de voyages et des premiers guides touristiques intitulés « Guide du Voyage en Ardenne ou Excursions d'un Touriste belge en Belgique » ou « En Ardenne par Quatre Bohémiens ». Certains guides en anglais ou en néerlandais datent de la même période. Tous vantent la bonne table rochoise, l'hospitalité et l'honnêteté de ses hôteliers. Les Anglais apprécient particulièrement la pêche à la mouche dans l’Ourthe poissonneuse. De la pêche à la chasse sont issus les produits des assiettes « où figurent toujours de la bonne soupe et souvent du gibier et du poisson d’eau douce bien frais».
Ces pionniers du voyage, ces aventuriers friands de découvertes «exotiques» viennent goûter à la féerie de l’Ardenne, s'émerveiller à la vue de ses paysages grandioses, se revigorer à son climat vivifiant. À la fin du siècle, le chemin de fer complété par les lignes de trams fondées en 1884-85 permettent d’atteindre les villages les plus reculés. Elles suivent les circuits empruntés plus anciennement par les malles-poste.
Des écrivains romantiques
Le pittoresque de la ville de La Roche-en-Ardenne, ses panoramas exceptionnels, sa cuisine revigorante séduisent pareillement de grands auteurs.
Victor Hugo, le plus illustre d'entre eux, croque sur le vif, en l’été 1862, les ruines de son château médiéval. Le grand homme vient de publier son œuvre majeure les « Misérables » et s’accorde une excursion en Ardenne et sur les bords de la Moselle. Il écrit à son ami Vacquerie « Je suis sûr que toute ces merveilles vous enchanteraient, grottes de Han, la Vanne-Péquet, La Roche, Houffalize, Clervaux. Ce sont des rêves. Nature splendide ; édifices morts et terribles où il y a tout le passé », « Beaux lointains, superbes villages ». Il visitera aussi Marche, Bouillon, Neupont, Neufchâteau, Arlon, Orval et la Gaume.
Le jeune Oscar Wilde, « grand et blême, face glabre, cheveux longs, noirs et plats » rencontre à La Roche, une famille hollandaise qui fit la renommée de la petite cité : les Perk père et fils. Un monolithe dressé sur les hauteurs de La Roche, commémore le passage des Perk. Pour l’anecdote, jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les amoureux qui se rendaient près de cette pierre, liaient leurs serments pour toujours : Li toûr do Chalet, s’assîr su l’banc Perk, mariés do côp ! Ce qui veut dire : Le tour du Chalet, s’asseoir sur le banc Perk, mariés sur le champ !
Cette coutume demande quelques explications. Marie Adrien Perk père, est un pasteur protestant mais surtout il est l’auteur d’un ouvrage remarquable consacré à l'Ardenne belge, joli recueil d’anecdotes et de légendes. Cet ouvrage va contribuer à la réputation de La Roche dans les provinces du Nord. Son fils Jacques Perk devient un poète délicat et ses sonnets sont vite reconnus dans le milieu littéraire hollandais. C’est à La Roche qu’il fait la rencontre d’une jolie Mathilde, sa muse et son idéal féminin qui éveille son génie poétique : « En chaque étoile, je crois rencontrer votre regard, et mille étoiles scintillent dans vos yeux. J’aime la Nature en vous et vous en la Nature ! ».
Une pneumonie emporte le jeune poète à la fleur de l’âge. La tante du jeune auteur, Christina Elisabeth Perk, une pionnière du mouvement féministe publiera ces plus beaux vers, nés de la rencontre de son neveu avec la belle Mathilde. À la suite de Jacques Perk, de nombreux écrivains du mouvement des Tachtigers : Van Dyssel, Van der Goes viendront à Laroche, ville inspirante pour les natifs de la plate Nederland !
Le musée de la Bataille des Ardennes
Quelques jours suffisent, en décembre 1944 puis janvier 1945, pour rayer de la carte la ville de La Roche, visée par l’artillerie et l’aviation américaines. Ils ont mission d’abattre les ponts et de stopper l’avancée des panzers allemands. Plus de 115 civils qui représentaient parfois des familles entières perdent la vie. Une plaque commémorative qui égrène leurs noms est apposée sur le mur du home Jamotte. Parmi elles, une tante et une cousine de la reine Paola Ruffo di Calabria.
« À la place de la charmante villette, on découvrait un val d’enfer » écrivait un correspondant de guerre, M.-G. Levy.
Sur 639 maisons, 34 restent intactes alors que 348 sont anéanties. La ville est enfin libérée le 11 janvier 45 par des troupes britanniques : les Ecossais de la 51st Highland Division, qui sont rejointes par les troupes américaines de la 84e division d’infanterie. Une plaque commémore cette jonction.
Sur les hauteurs, route du chalet, un char de type « Achilles » rend hommage à la division britannique 1st Northamptonshire Yeomanry, régiment qui appuie la 51st Highland Division. Il symbolise la libération de la ville par les Britanniques. Il est restauré par le Musée de la Bataille des Ardennes qu’il ne pas manquer de visiter. Ce musée remémore la dernière offensive nazie appelée aussi "The Battle of the Bulge" ou encore Herbstnebel. Hormis des armes, des véhicules et des uniformes de soldats américains, britanniques et allemands, vous y trouverez des objets rares comme la fameuse machine à décoder « Enigma », d'origine polonaise. Un autre char, installé Quai de l’Ourthe, est américain, de type Sherman, restauré par les Lanciers de Marche-en-Famenne.
Un brin d'histoire(s)
Peu de traces matérielles subsistent du passé, sinon les ruines massives du château, la chapelle Sainte-Marguerite et le mobilier de l’église Saint-Nicolas.
Au Moyen Âge, La Roche partage la même histoire que d’autres villes luxembourgeoises comme Marche ou Durbuy, petits centres urbains. Parmi les comtes qui la développent, citons Henri, premier comte de La Roche, Henri IV de Namur (1139-1196) qui, par le hasard biologique, réussit à rassembler les 4 comtés de Namur, Luxembourg, Durbuy et La Roche. Son territoire s'étendait de la Meuse à Bitburg. Jean l’Aveugle (1296-1346) consolide les libertés octroyées aux Bourgeois qui assuraient, en contrepartie, la sécurité de la ville.
La Roche est une étape sur l’itinéraire Flandre-Italie et est très tôt animée par des activités artisanales et commerciales. Elevé sur un éperon rocheux, le château surveillait le trafic. Ses vestiges du château révèlent peu sur l'architecture primitive, mais il témoigne plutôt des profondes transformations menées au 17e siècle par les « techniciens du combat » français qui occupent la région. La poliorcétique exige de doubler les murs. Il fallait résister à une artillerie plus puissante. Les Français élèvent des casemates, creusent une citerne de 200 m3 et taille dans le roc, un magasin à poudre.
Pour le tourisme, tous les jours en saison estivale, le fantôme de Berthe réapparaît dans les ruines du château. Inspirée par l’histoire du comté et transcrite par Pimpurniaux au 19e siècle, cette légende mêle amour, vengeance, jalousie, pacte diabolique et fin tragique. Les légendes font partie du patrimoine ardennais. Celle du petit chevalier à la sombre armure appartient aux Rochois. En 1951, Jean Therer, coiffeur de son état, réalise la première apparition du fantôme et inaugure une tradition encore vivante.
Un mot sur l'église Saint-Nicolas construite en 1901, en style néo-gothique par un architecte liégeois, Clément Léonard. À l'intérieur, on peut y découvrir des statues du renommé sculpteur Renier Panhay de Rendeux, des fonts baptismaux de 1593 mais surtout des grandes orgues néobaroques, construites en 1978 par les frères Oberlinger, facteurs d'orgues allemands très réputés. Dressée vers 1600 à l'endroit d'un ancien ermitage, la chapelle Ste Marguerite abrite la statue de la sainte, très populaire auprès des futures mamans.
La rivière nourricière
La rivière a un rôle économique crucial à La Roche qui vivait essentiellement du bois, du cuir et enfin du tourisme. De nombreux moulins utilisaient la force motrice de notre « rapide » pour faire tourner les meules des moulins à grain mais aussi à tan qui écrasaient les écorces de chêne pour le tanin. Un moulin à grain du XIXe siècle parfaitement conservé est actuellement transformé en musée de la Meunerie.
La route qui y mène passe par d’anciennes tanneries. Les métiers du cuir étaient actifs dès le 14e siècle dans la cité comtale et jusqu’à la fin du 19e siècle, c’était la principale industrie jusqu’à la Première Guerre mondiale. La tannerie exige beaucoup d’eau douce et d’écorces de chêne que l’on trouvait à La Roche.
À la saison des crues, aux périodes « de hautes eaux », l’Ourthe est une autre voie de transport. On pratiquait le flottage du bois, du confluent des Deux-Ourthes jusqu’à La Roche. À une époque où les chemins étaient mal entretenus et mal sécurisés, les bateaux permettaient d’acheminer du bois, du fer, du charbon de bois, des cuirs…vers Liège. La rivière permet donc la circulation de matières lourdes et à bons prix ! La prospérité de la cité mosane doit beaucoup à cette rivière. Les mariniers de l’Ourthe ramenaient du centre industriel, les produits manufacturés.
Ces bateaux s’appelaient « bètchètes », ce qui signifie en wallon «petit bec », car ils se terminaient à l’avant par une pointe relevée et renforcée. Son fond plat, typique d’une navigation sur les rivières, garantissait de ne pas chavirer en cas d’engravement. Longue de 20 m et haute de 80 cm, son profil particulier lui permettait de franchir les barrages nombreux sur cette rivière. Dans le parc de Rompré, vous pouvez apercevoir la silhouette de ce long bateau qui est reconstitué en acier galvanisé.
À la fin du 19e, la pêche devient un sport de loisir. Ce sont les Anglais qui amènent la technique de la mouche. En Ardenne, on connaissait la pêche à la ligne ou au filet. Les hôtels affichent à leurs menus, truites ou écrevisses de nos rivières. Des portions de la rivière sont aménagées pour le canotage, les pique-niques. Les bains de rivière sont recommandés par les médecins.
Les grès de La Roche
Pierre Hoffman est le premier potier qui exploite l’argile de La Roche pour fabriquer, en grès, des barils à genièvre ou des pots de conserve pour le beurre, les œufs ou la moutarde. Puis c’est Wilhelm Kalb qui reprend l’affaire. L'usage des grès, au fil du temps est à découvrir au centre des Grès de La Roche. Des gobelets, des pichets et des jarres destinées à la conservation ont été mises au jour dans les fouilles archéologiques du château. À voir aussi dans cet espace, la technique de fabrication du renommé jambon d'Ardenne.
Le parc à gibier et le train touristique
Une promenade balisée de 6 km, portant le n°4 et dénommée le diable château, rejoint le parc à gibier. Sur 10 ha boisés, vivent une trentaine d’espèces sauvages régionales ainsi que quelques animaux domestiques.
Avec le petit train qui prend le départ, place du Bronze, vous atteindrez sans effort les plus beaux coins de La Roche, et notamment la Corniche de Deister avec une vue imprenable sur la vallée. Chaque mercredi en juillet et en août, il vous emmène à la découverte des produits du terroir et de l'artisanat régional, au marché du terroir de Marcourt.
Folle de rando, de vélo, de VTT, de trail et de kayak
Quelle que soit la saison, les 250 kilomètres de promenades baliséees, à parcourir à pied ou à vtt, ont de quoi régaler les amoureux de sport, même les plus exigeants. Elles sont le fruit du labeur des membres du Syndicat d'initiative de La Roche-en-Ardenne et ses nombreux bénévoles passionnés qui aiment à partager la beauté de leur localité, leur décor forestier et ses verts environs.
Côté aquatique, l'Ourthe est une rivière navigable, pour les kayaks et canoës s'entend, depuis le barrage de Nisramont ou depuis la plage de Maboge jusqu'au pied du célèbre château rochois où les attend l'été le fantôme de Berthe.
Rayon événements sportifs, les fans de vélo connaissent La Roche pour son championnat de Belgique de cyclisme sur route en 2013 mais aussi pour d'autres fantastiques épreuves cyclistes. En 1989, Hubert Goffinet lance à La Roche la Vélomédiane Claudy Criquélion. Cette randonnée cyclosportive offre 170 km de routes bucoliques avec plus de 20 côtes et 3300 m de dénivelé ! Un défi pour les plus sportifs. Les "moins costauds" se contentent de la Petite Crique avec ses 98 kms et 1.300 m de dénivelé. Le même jour, la Rando Famille permet de visiter sur deux roues la belle région de La Roche sur une distance 20 km.
D’autres activités sportives sont organisées dans ce décor grandeur nature. Avec les Boucles ardennaises, les coureurs à pied se voient proposer des parcours trails, sur les chemins et sentiers, jusqu'à 37 km. Le semi-marathon recontre un succès sans cesse renouvelé. La Ghost Race cumule les difficultés d'une course à pied à celles d'un parcours d'obstacles originaux.
Randonneurs, trailers, cyclotouristes et vététistes le savent : La Roche-en-Ardenne est un "must", voire un incontournable, pour les sports nature. Avec "roche" et "Ardenne" dans son nom, il ne peut en être autrement.
Des animations récurrentes
Un festival original est né récemment à La Roche : le Festival de la Soupe. On peut y consommer durant deux jours, des dizaines de soupes préparées soit par des restaurateurs professionnels soit par des amateurs qui, pour l’occasion, ressortent les meilleures recettes familiales. On l’appelle le festival de la soupe et il a lieu le dernier week-end de septembre.
Et puis il y a le fameux carnaval né il y a déjà plus de 40 ans et qui suit la tradition des carnavals rhénans. Cortège de chars conçus par des groupes locaux et par leurs invités, intronisation du nouveau Prince, marionnettes, bals populaires, tout est fait à La Roche pour réjouir petits et grands.